Textes

Octobre 2010- Ganges
Ecritures et Résistances

Ici finit l’exil

Dans le prolongement du livre autobiographique, le film ne fut pas présenté dans des conditions optimales, le 15 octobre lors des rencontres « Ecritures intimes » de Ganges . La présence de ses collaborateurs et amis, Céline Béranger et Aaron Sievers ont, sans doute adouci le regret.
Cependant cette œuvre mosaïque qui navigue entre passé, présent et un futur incertain force immédiatement l’intérêt. Le film décline des images fragmentées à la manière d’une mémoire qui cherche à reconstruire le puzzle de la vie dans l’éclatement d’une histoire personnelle fondue dans la tourmente de l’Histoire.
Kiyé fut l’un des boat people laotien, parmi d’autres. Adopté par une famille aimante, ses pensées retournent peu à peu vers un passé hypothétique. Qui suis-je ? Où vais-je ?
Sans doute, le retour au pays, après tant d’années, a éclairé la part de lui-même, restée en quelque sorte en friche, comme en suspend et anonyme. La rencontre avec sa mère, la rencontre des deux mères, ont, sans doute, marqué quelque peu la réconciliation avec lui-même.
Dans la quête, ainsi portée à l’écran, les faisceaux des routes, des fleuves, des océans se croisent  et se séparent mais aboutissent toujours dans un cadre où la famille reprend ses droits.
Peu de mots et des images brisées, ouvertes, cependant, sur la beauté du monde. Portraits d’enfants, de femmes, de paysages tout juste silhouettés. Et puis, le tissage avec son entourage autour d’une table, haut lieu de consommations mais aussi de retrouvailles, ponctue la mise en image de la quête.
Tout, ici, est écrit pas à pas, dans une lenteur magnifiquement travaillée. Film tout de retenue dont les silences, eux-mêmes, nous parlent profondément. Kiyé évite la tentation de l’esthétisme pour rendre à son récit toute son authenticité et c’est une œuvre aboutie qui nous échoit.


BELFORT / FESTIVAL ENTREVUES 2010